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rythmes scolaires : on attend un bilan scientifique sur la réforme et ses conséquences
Article du 18 octobre 2015
Pour justifier la réforme des rythmes scolaires, la refondation s’appuie sur les résultats d’une étude…
Cette étude, dénommée PIRLS (Progress in international reading literacy study), mesure tous les cinq ans la maîtrise de la lecture des élèves terminant leur CM1. Il est en effet admis que la maîtrise de la lecture constitue la base même de tous les apprentissages de l’élève tout au long de sa scolarité.
La dernière enquête a été menée en mai 2011 dans 45 pays dont 23 pays européens. En France, 4.438 élèves répartis dans 277 classes de CM1 de 174 écoles élémentaires ont été évalués. Ils appartiennent à la génération qui a débuté sa scolarité en 2008, au moment de la mise en œuvre de la semaine de quatre jours.
Les résultats de cette enquête, rendus publics en décembre 2012, révèlent la situation dégradée de notre école : avec 520 points, la France n’arrive qu’en 29e position sur 45 pays, au-dessous de la moyenne européenne de 534 points. Autre constat préoccupant : cette baisse de niveau concerne l’ensemble des élèves, et non seulement les élèves en difficulté.
… qui n’étaye pas suffisamment le lien direct entre la dégradation constatée et les rythmes scolaires
Peut-on dire que les rythmes scolaires en vigueur depuis 2008 sont seuls responsables de la baisse constatée des compétences des élèves ? Vraisemblablement non. Les causes en sont multiples, profondes et historiques. De plus, l’étude ne porte que sur la lecture en CM1, ce qui affaiblit de facto les fondements de la réforme. Une grande partie du corps enseignant la considère encore aujourd’hui incomplète et bâclée.
Pour qu’elle prenne tout son sens, la refonte des rythmes scolaires nécessite que trois questions soient abordées sans détour
1. La revalorisation du statut d'enseignant. Rares sont les professions dont l’image s’est autant dégradée depuis la dernière guerre mondiale. Si le corps enseignant se montre aussi peu enthousiaste pour l’appliquer, c’est en partie pour marquer sa déception face à cette réforme qui ne lui témoigne aucune considération.
2. L’importance des temps non scolaires. Certains chronobiologistes préconisent de travailler moins mais plus régulièrement chaque jour sur la semaine et sur l'année, ce qui entraîne un allongement du nombre de jours de présence à l'école et un raccourcissement des vacances. Ce sujet « oppose » les parents ayant des moyens limités pour faire garder leurs enfants favorables à des semaines de 4,5 ou 5 jours et à des grandes vacances moins longues, à ceux qui considèrent que l'enfant peut s'épanouir au moins autant hors de l'école qu’à l’école. C'est sans doute pourquoi le raccourcissement des grandes vacances, qui présente, en plus, un fort contenu politique, a été reporté.
3. Les modalités de mise en œuvre des nouveaux temps éducatifs et périscolaires. Au-delà des transferts de charges entre l’État et les collectivités, une réflexion de fond doit être engagée sur la participation des territoires au projet éducatif, sur le décloisonnement entre enseignants, municipalité, personnels municipaux, parents et acteurs territoriaux. La réforme semble y inciter à travers le projet éducatif territorial (Pedt). Hélas, les réponses relatives aux moyens et aux verrous culturels et humains à surmonter sont encore loin d’avoir été apportées.