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Les goûters philo
Article du 19 juillet 2018
Pourquoi philosopher si jeune ? Pour édifier son esprit critique et son éthique.
Entre 7 et 12 ans, l’enfant questionne de profonds « pourquoi » et « comment ». L’enfant peut contester les règles pour les comprendre, demander à l’autre de justifier ses intentions. Il peut avoir de la répartie, en frôlant parfois l’insolence, car il construit sa pensée logique. Il cherche différents points de vue, pour développer une argumentation pertinente. Construire son esprit critique lui est nécessaire pour s’adapter à une époque où l’information est omniprésente et multi-source. L’enfant, natif et naïf de l’ère numérique, n’en saisit pas les enjeux politiques et économiques, qui requièrent d’apprendre à discerner l’information juste, à la questionner, à la vérifier.
Il peut aussi être touché par des incivilités, du vandalisme, des injustices venant blesser ses sentiments, heurter son sens de la justice et son code moral.
Pourquoi philosopher en groupe ? Pour éprouver son positionnement dans l’altérité.
C’est une période où les enfants ont besoin d’être à plusieurs, du duo au petit groupe de 4-5 enfants. Le moteur de leur activité est la relation sociale. Ils sont grégaires et cherchent à développer leurs potentiels sociables. Par leur dynamique interactive, les « cercles philosophiques » leur en offrent l’opportunité. Chacun y éprouve son positionnement personnel. Dans un groupe, l’enfant expérimente les multiples rôles, à l’image de ceux que nous endossons dans une journée : parfois leader, parfois suiveur ou encore neutre. Ces échanges sont intéressants pour prendre en considération le point de vue de l’autre, remettre en question son interprétation des faits et découvrir qu’il peut y avoir plusieurs vérités.
Comment organiser un goûter philo ? En appui ou pas, avec la collection des « goûters philo » !
Trois étapes sont nécessaires au bon déroulement d’une séance : la préparation, le choix du sujet et le dialogue.
La préparation. Elle consiste à installer un bon goûter, au centre d’un cercle de coussins, dans un endroit calme.
Le choix du sujet. Primordial ! Pour que la discussion soit animée, il faut que les enfants participent à ce choix. Les thèmes sont variés : « Le bien et le mal, les garçons et les filles, libre et pas libre, l’être et l’apparence, la guerre et la paix, les machines et les hommes, la dictature et la démocratie… ». Ces petits livres aident les enfants à réfléchir sur les questions qu’ils se posent avec des textes clairs, des exemples et des illustrations pleines d’humour. Vous pouvez aussi proposer plusieurs sujets et laisser les enfants déterminer celui qui les intéresse le plus grâce à un vote à main levée.
Le dialogue. Une fois le sujet choisi, quelqu’un peut lire tout haut un passage ou une petite histoire. Cela fera penser à des histoires qui leur sont arrivées ou sont arrivées à d’autres. On les raconte et on essaie d’en comprendre le sens. On peut aussi préparer une liste de questions en rapport avec le sujet choisi et chercher des réponses, quand il y en a ! Derrière une question, il s’en cache souvent d’autres, et, petit à petit, on se lance dans de grandes discussions ! Un bâton de parole et la main levée peuvent les aider à la répartition des échanges.
L’enjeu de cette phase entre 6 et 12 ans, est de devenir un citoyen responsable et actif de la communauté humaine. Chaque enfant y découvre les règles pour vivre ensemble, ses droits et ses devoirs, l’éthique pour lui-même et pour tous. Les cercles philosophiques sont de merveilleuses opportunités pour répondre à leurs besoins fondamentaux.
À vous de philosopher !
Valérie Mirault, formatrice et éducatrice Montessori