Pédagogie active > 3 - 6 ans |
Pédagogie active
Article du 17 juin 2019
À la suite d’une initiative populaire et grâce à l’implication de Loris Malaguzzi, les premiers centres pour enfants de 3-6 ans voient le jour en 1963. Ils font partie intégrante du système public d’éducation italien depuis 1966.
Voici les principes fondateurs sur lesquels cette approche s’appuie :
- L’enfant communique de façons très variées à l’aide de « 100 langages » différents : il est donc essentiel de favoriser le développement de toutes ses formes d’expressions : artistiques, corporelles, langagières, émotionnelles…
- L’enfant est considéré comme inventif, compétent, acteur de son développement.
- Ses rythmes doivent être respectés.
- Enfants et adultes coopèrent pour le bien de chacun et de tous ; les adultes résistent à la tentation de tout décider, imposer, contrôler.
- L’adulte invite, accompagne l’enfant et « provoque » des situations pédagogiques qui favorisent l’enrichissement de ses compétences.
- Il observe attentivement l’enfant pour mieux en soutenir le développement.
- L’adulte veille à favoriser des relations sociales et des interactions harmonieuses.
- L’enfant est reconnu comme un être unique.
- Une crèche ou une école est aménagée de sorte qu’elle soit un espace d'exploration riche en ressources, lieux et moyens où les enfants (et les adultes) découvrent, apprennent et « pratiquent » en commun. L’environnement physique joue un grand rôle dans la façon dont se déroulent les apprentissages de l’enfant. Il se doit d’être vivant, invitant, provocant. Grâce à des matériaux riches, naturels et polyvalents, les possibilités d’apprentissage sont décuplées. L’environnement doit alors privilégier l’apprentissage par résolution de problèmes. La recherche d’esthétique, l’utilisation de la lumière, de la transparence sont aussi primordiales dans cette approche.
La nature, la ville et l’art sont des thématiques chères à l’approche Reggio :
- La nature. Le rapport de l’enfant à la nature en est au cœur : utilisée comme support pédagogique aux expérimentations et à la connaissance du monde, la nature est considérée comme premier lieu de découverte et premier outil d’apprentissage.
- La ville. L’enfant est considéré comme un citoyen à part entière. En lien avec toute la ville, considéré comme un être compétent, il est écouté. « La recyclerie créative » est un exemple d’inclusion de l’enfant au sein de la ville : les industriels locaux déposent des matériaux, matières, objets... neufs dans une « recyclerie » prévue à cet effet ; les crèches, écoles et artistes locaux viennent récupérer ces matériaux et les utilisent pour favoriser l’expression créative des enfants.
- L’art. Des « atelieristes » sont à demeure dans chaque école et interviennent dans les crèches. Ces artistes aux talents variés (danseur, graphiste informatique, artiste plasticien...) proposent aux enfants non un atelier d’apprentissage de techniques artistiques mais un lieu de projets créatifs. L’objectif est de favoriser chez l’enfant une autre vision de la réalité, et chez l’adulte une autre façon d’être et de travailler avec les enfants, hors des normes.
L’un des grands fondements de l’approche Reggio est que l’enfant est le maître d’œuvre de ses propres apprentissages. L’adulte est là pour soutenir ses découvertes, non les diriger. L’adulte « provoque » l’enfant dans son processus de questionnement, de réflexion ; il l’aide à se poser les bonnes questions, met en évidence de manière bienveillante les contradictions de son raisonnement, lui donne droit à l’erreur, favorise le foisonnement d’hypothèses, d’idées. En crèche ou à l’école, le professionnel fait travailler les enfants en petits groupes (de 6 environ), avec différents supports, dans différents espaces pour permettre à l’enfant de développer ses fameux « 100 langages ».
Anne-Cécile Langet, éducatrice de jeunes enfants