Il est important de préserver un dialogue fluide et de définir avec lui tant ses nouvelles libertés que ses nouvelles responsabilités. Si le contact direct est parfois pesant dans les actes de la vie quotidienne, il est facile d’utiliser des post-it ou des sms : « Ta serviette adorerait s’étendre sur le porte-serviette. » L’humour, la légèreté peuvent être utilisés avec succès mais jamais les moqueries qui sont très mal ressenties à cette période marquée par la fragilité.
L’adolescent, comme l’enfant, a besoin de décider par lui-même. Le travail de l’adulte : l’aider à être sensible à ce qu’il ressent, à devenir conscient de ce qu’il est vraiment. Il pourra obéir à cet ordre intérieur, et pas seulement à des interventions extérieures dont il ne comprend pas le fondement et que donc il rejette, même si elles sont bonnes.
Emile cherche un appui. Il a besoin de savoir jusqu’où il peut aller et aussi de tester les limites de ses proches ! Ceux à qui leurs proches, par faiblesse ou par excès de patience, laissent tout faire, s’opposent toujours davantage pour trouver les limites de leur tolérance ; opposition qui les sécurise.
Les interrogations liées à sa transformation et à son avenir appellent la confiance des adultes et l’amour des parents. Si un garçon ou une fille de cet âge aime retrouver la tendresse de sa mère, en s’abandonnant un instant sur ses genoux, pourquoi lui dire : « Tu es trop grand ! » ?
« Si on laisse les adolescents libres d’organiser la vie d’une communauté qui est leur, on verra quel souci du détail ils manifestent. Ce souci du détail n’est qu’une manière de s’entourer de la sécurité nécessaire, comme antidote à l’insécurité qui est la caractéristique de l’adolescence. » Maria Montessori
Entre tout « laisser faire » et « s’affronter », il y a une troisième solution : la présence, le dialogue. Un arbre sur lequel s’appuyer oui, mais pas un mur.
Emile est en quête de son identité nouvelle : les parents ne sont plus les bons interlocuteurs. Il a besoin de regards nouveaux sur lui. Or, le regard des parents est chargé d’une histoire commune et au « Qui suis-je ? » que demande Emile, il s’entend répondre : « Bah, t’es mon petit poussin ! ».
L’internat peut être une réponse favorable pour se construire au quotidien sous le regard de ses pairs.
Emilie peut se regarder dans la glace, passer beaucoup de temps à essayer des coiffures, des vêtements, se prendre en photo. Elle cherche à se connaître, à savoir qui elle est, ce que les autres pensent d’elle. Attention aux remarques qui pourraient la blesser car elle y est très sensible.
Le recours à des activités physiques et manuelles peut aider Emile à apprivoiser ce nouveau corps : cultiver la terre, cuisiner, construire une éolienne ou un poulailler tout en mobilisant ces connaissances pour calculer les aires, faire les conversions…
Le sport est aussi une activité permettant de se sentir bien dans ce corps en transformation tout en déchargeant son surplus d’énergie.
Un temps d’échange et de partage avec Emile pour dialoguer autour de ces changements est nécessaire. Vous pouvez même créer un petit rituel de passage comme une soirée au hammam entre filles et femmes que votre jeune fille choisit ou aller à un atelier comme celui proposé à « Activités ».